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L'atrophie hippocampique : le signe avant-coureur d'un déclin cognitif

Temps de lecture : 10 min

Notion méconnue du grand public, l'atrophie hippocampique est notamment l'un des premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer. Il s'agit d'un rétrécissement de la taille d'un petit organe situé dans notre cerveau : l'hippocampe.  Quelles sont les conséquences d'une atrophie de l'hippocampe ? Quel examen médical permet de révéler une réduction anormale du volume de l'hippocampe ? Comment ralentir l'atrophie de l'hippocampe ? Découvrez tout ce qu'il faut savoir sur ce phénomène physique parfois lourd de conséquences.

atrophie-hippocampique

SOMMAIRE

  1. Qu’est-ce que l’atrophie de l'hippocampe ?
  2. Définition et rôles de l’hippocampe du cerveau 
  3. Les symptômes d’une atrophie de l’hippocampe cérébral : vieillissement ou pathologie type Alzheimer ? 
  4. L'IRM pour mesurer le niveau d'atteinte de l'hippocampe
  5. L’échelle de Scheltens : un outil précieux pour déterminer l’ampleur du rétrécissement de l’hippocampe
  6. Grade 0,1,2,3 ou 4 : comment interpréter les résultats de l’échelle de Scheltens ?
  7. Nuancer les résultats de l'atrophie de l'hippocampe en fonction de chaque individu
  8. Comment ralentir l’atrophie de l’hippocampe ?

Qu’est-ce que l’atrophie de l'hippocampe ?

L’atrophie hippocampique se définit par la réduction de la taille de l’hippocampe, un organe fortement impliqué dans la mémorisation et l’apprentissage.

Il faut savoir que la réduction du volume de l’hippocampe peut résulter du vieillissement naturel d’une personne, sans forcément que ce symptôme soit lié à une quelconque pathologie.

Cela étant dit, à l’image d’Alzheimer, certaines maladies peuvent s'accompagner d'une atrophie hippocampique. Dans ce cas, l’atrophie est à la fois sévère et rapide.

Définition et rôles de l’hippocampe du cerveau 

L’hippocampe est un organe situé dans le cerveau, et plus précisément au sein du lobe temporal médian, une région proche des tempes et des oreilles. Si, par abus de langage, l'hippocampe est mentionné au singulier, cet organe est en réalité présent à la fois dans l'hémisphère droit et dans l'hémisphère gauche du cerveau. 

Rattaché au système limbique, c’est-à-dire la région du cerveau qui a pour rôle de réguler nos émotions et nos comportements, l’hippocampe est un organe de taille réduite (entre 3 et 3,5 cm³ de volume). 

Malgré sa petite taille, l’hippocampe aide chaque individu à :

  • apprendre et mémoriser des informations ;
  • avoir conscience de son environnement ;
  • se repérer dans l’espace.  

Au fil du temps, l’atrophie hippocampique rend de plus en plus difficile la fabrication de nouveaux souvenirs. Deux types de mémoire sont d'ailleurs particulièrement affectés : 

  • La mémoire épisodique : capacité à enregistrer des événements 
  • La mémoire spatiale : capacité à conserver des informations en rapport avec l’espace

Les symptômes d’une atrophie de l’hippocampe cérébral : vieillissement ou pathologie type Alzheimer ? 

Puisque l’hippocampe assure la stimulation de plusieurs fonctions cérébrales, les symptômes d’une atrophie hippocampique peuvent revêtir différentes formes, à savoir :

  • Oublis préjudiciables au quotidien (rendez-vous médicaux, anniversaires…)
  • Isolement social
  • Difficultés à se repérer dans l’espace
  • Altération des capacités d’analyse et de réflexion
  • Incapacité à réaliser des tâches du quotidien
  • Difficultés à parler et/ou à écrire
  • Pertes fréquentes d’objets
  • Troubles de l’humeur
  • Problèmes de concentration

Selon l’intensité et la récurrence de ces troubles, deux scénarios sont envisageables :

  • L’atrophie de l’hippocampe apparaît dans le cadre du vieillissement normal du patient
  • La réduction du volume hippocampique est un signe avant-coureur d’une pathologie (Alzheimer, dépression, stress chronique, stress post-traumatique, encéphalite, schizophrénie, épilepsie, hypoxie…)

Vous êtes confronté à un ou plusieurs des symptômes précités et votre qualité de vie est grandement affectée ? N’hésitez pas à consulter votre médecin traitant pour écarter toute suspicion de maladie.

L'IRM pour mesurer le niveau d'atteinte de l'hippocampe

À condition de passer une IRM cérébrale, il est tout à fait possible de vérifier la taille de l’hippocampe. Selon les spécialistes, deux méthodes sont envisageables :

  • Une mesure à l’œil nu grâce à une échelle de cotation
  • Une mesure effectuée par des logiciels informatiques qui fournissent les résultats de manière automatique à partir des observations de l'IRM (logiciel de segmentation automatique)

Naturellement, les neurologues n’ont aucune connaissance de l'évolution de la taille de l'hippocampe au cours de la vie du patient, les IRM étant programmées lorsque le patient est confronté à des symptômes anormaux et non lorsque ce dernier est en parfaite santé. Il est donc impossible d'évaluer avec exactitude le niveau d'atrophie hippocampique, puisque le neurologue ne dispose d'aucun point de comparaison.  

En pratique, le volume obtenu lors de l’IRM est comparé à des moyennes, comme l’explique Gaëlle Chételat, directrice de recherche à l’Inserm et spécialiste en imagerie cérébrale : « la taille moyenne de l’hippocampe repose sur des normes construites en fonction de l’âge, du sexe ainsi que du niveau d’éducation du patient ».

L’échelle de Scheltens : un outil précieux pour déterminer l’ampleur du rétrécissement de l’hippocampe

Fréquemment utilisée dans le diagnostic et le suivi des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer, l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) fournit une coupe frontale du cerveau en trois dimensions.

En combinant l'IRM avec l’échelle de Scheltens, un outil médical destiné à évaluer le niveau d'atrophie hippocampique, trois éléments anatomiques sont étudiés :

  • La hauteur de l’hippocampe 
  • La largeur de la fissure choroïdienne (partie du cerveau située à proximité de l’hippocampe) : une fissure choroïdienne anormalement élevée est le signe d’un rétrécissement de l’hippocampe.
  • La largeur de la corne temporale du ventricule latéral (creux composé de liquide céphalo-rachidien, ce liquide ayant pour mission de nourrir et de protéger le cerveau) : en cas d’atrophie hippocampique, il est courant d’assister à un élargissement marqué de la corne temporale.

Grade 0,1,2,3 ou 4 : comment interpréter les résultats de l’échelle de Scheltens ?

En fonction des observations récoltées sur les 3 paramètres étudiés lors de l’IRM (hauteur de l’hippocampe, fissure choroïdienne, corne temporale), chaque patient est classé au sein d'un grade spécifique allant de 0 à 4 :

  • Grade 0 (absence d’atrophie) : aucune anomalie n’a été décelée
  • Grade 1 (atrophie légère) : si l’hippocampe et la corne temporale sont de taille normale, l’ampleur de la fissure choroïdienne est légèrement supérieure à la moyenne de référence.
  • Grade 2 (atrophie modérée) : l’hippocampe commence à se rétracter, tandis que la largeur de la corne temporale s’agrandit, au même titre que la fissure choroïdienne. 
  • Grade 3 (atrophie forte) : l’atrophie hippocampique est significative, en témoigne la taille anormalement élevée de la corne temporale d’une part, et de la fissure choroïdienne d’autre part.
  • Grade 4 (atrophie sévère) : alors que le volume de l’hippocampe s’est considérablement réduit, la largeur de la corne temporale et de la fissure choroïdienne dépasse largement les moyennes attendues.

Vous l’aurez compris : être classé au sein du grade 0 de l'échelle de Scheltens signifie que le patient peut regagner son logement le cœur léger, aucune anomalie n’ayant été constatée.

En revanche, les stades 1 et 2 révèlent la présence d’un déficit cognitif léger, tandis que les grades 3 et 4 peuvent être révélateurs de la maladie d’Alzheimer.

Nuancer les résultats de l'atrophie de l'hippocampe en fonction de chaque individu

Afin d’établir un diagnostic éclairé, les médecins jugent les résultats obtenus par l’IRM et l’échelle de Scheltens à la lumière des caractéristiques de chaque patient.

En effet, une étude réalisée en 2018 par des chercheurs suédois a démontré que 3 facteurs doivent être pris en compte pour interpréter de manière objective les résultats issus à la fois d’une IRM et de l’échelle de Scheltens :

  •      L’âge du patient :

o  Avant 75 ans, la situation est jugée préoccupante lorsque le grade est supérieur ou égal à 2.

À partir de 75 ans, la situation est considérée comme inquiétante lorsque le stade est supérieur ou égal à 3.

  •      Le niveau d’éducation et le genre :

Pour les femmes et les hommes disposant d’un haut niveau d’éducation, l’atrophie hippocampique est jugée anormale lorsque le stade est égal ou supérieur à 3.

Pour les femmes âgées d’au moins 75 ans ayant un faible niveau d’éducation, la situation est alarmante lorsque l’atrophie de l’hippocampe est égale ou supérieure à 2.

Il faut souligner que, chez les hommes, le niveau d’éducation n’a aucune influence sur l’interprétation des résultats. En effet, contrairement aux femmes, un patient masculin avec un haut niveau d'éducation ne disposera pas d'un hippocampe de plus grande taille qu'un patient masculin disposant d'un faible niveau d'éducation.

Comment ralentir l’atrophie de l’hippocampe ?

Des études réalisées par des scientifiques des quatre coins du monde ont démontré les bienfaits de la pratique d'une activité physique sur l’hippocampe. Puisque l’hippocampe dispose d’une structure plastique, cet organe peut rétrécir ou grandir au gré des circonstances.

Or, il a été scientifiquement prouvé que les personnes pratiquant un sport avec régularité sont moins nombreuses que les personnes sédentaires à souffrir d’un rétrécissement de l’hippocampe et, in fine, d’une maladie de type Alzheimer ou Parkinson.

Les bienfaits du sport pour ralentir l'évolution de l'atrophie hippocampique 

Selon la recherche scientifique, faire du sport de manière régulière engendre :

  • une augmentation du flux sanguin vers le cerveau et, par conséquent, une meilleure oxygénation (étude de Colcombe & Col. en 2004) ; 
  • une stimulation de la neurogenèse, qui désigne la capacité de notre cerveau à fabriquer de nouvelles cellules (étude de Konsman & Col. en 2002) ;
  • une réduction de l’inflammation dans le cerveau (étude de Konsman & Col. 2002) ; 
  • une amélioration des fonctions cognitives, de la mémoire et de l’humeur chez les personnes âgées atteintes d’Alzheimer (étude Rolland & Col. en 2008).

3 sports à privilégier pour améliorer ses fonctions cérébrales à tout âge

Si la pratique d’un sport, peu importe son type, est une excellente stratégie pour prévenir ou limiter le déclin cognitif, certaines études scientifiques ont insisté sur les vertus de certaines activités physiques, dont voici 3 exemples : 

  • La marche : une étude de 2008 (Lautenschlager & Col.) a démontré que des séances de marche de 30 minutes à raison de 3 fois par semaine pendant 6 mois avaient sensiblement amélioré l’activité cognitive de personnes âgées souffrant d’un Alzheimer léger à modéré.
  • Le yoga : deux études distinctes (Gothe & Col. ainsi que Danucalov & Col. en 2013) sont parvenues à démontrer que la pratique du yoga était capable de stimuler la mémoire des personnes non malades d’une part, et de limiter l’apparition de symptômes dépressifs chez les patients souffrant d'Alzheimer d’autre part.
  • L’aérobie : pendant 6 mois, une étude datant de 2017 (Morris & Col.) s’est penchée sur les résultats d’un programme de fitness (2h30 par semaine) suivi par des personnes confrontées à un Alzheimer précoce. Résultat : si les premiers bénéfices constatés furent d'ordre physique, ces derniers ont été accompagnés dans un second temps par une amélioration de la mémoire et par une limitation de l’atrophie hippocampique.

Il serait légitime de penser que, plus le sport est pratiqué à des niveaux d’intensité élevés, plus les effets positifs sont exacerbés. Or, selon une étude de 2023 (Cheval et Boisgontier), une activité physique d’intensité modérée (marche rapide, vélo, yoga) a 1,5 fois plus d’impact positif sur les fonctions cérébrales du sportif qu’une activité physique d’intensité forte (running, tennis, ski…).

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