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Combien de temps dure un syndrome de glissement et comment y faire face ?

Temps de lecture : 13 min

Considéré comme une forme de suicide inconscient, le syndrome de glissement est un phénomène médical complexe qui touche principalement les personnes âgées.  Alors, quelles sont les caractéristiques de ce syndrome ? Combien de temps dure le syndrome de glissement ? Comment accompagner une personne qui en souffre ? Réponses à ces questions dans cet article... et bien plus encore !

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SOMMAIRE

Définition du syndrome de glissement

Décès et espérance de vie en cas de syndrome de glissement 

Comment se sortir du syndrome de glissement ?

Combien de temps pour récupérer après un syndrome de glissement ? 

Qui est concerné par le syndrome de glissement ? 

Syndrome de glissement et entrée en Ehpad : un risque accru ? 

Quelles sont les causes du syndrome de glissement ? 

Comment reconnaître les symptômes du syndrome de glissement ? 

Syndrome de glissement : comment inciter un proche à se soigner ? 

Quelle est la différence entre la dépression et le syndrome de glissement ?

Définition du syndrome de glissement

Le syndrome de glissement est un phénomène par lequel une personne âgée perd soudainement le goût de vivre, et se laisse « glisser » vers la mort. 

Peu connu du grand public, ce processus a pourtant été théorisé pour la première fois en 1956 par le Dr français Jean Carrié. Bien que faiblement reconnu à l'échelle internationale, le syndrome de glissement fait l’objet d’un consensus solide chez les professionnels de la gériatrie en France.

Par exemple, lors de la crise sanitaire de Covid-19, l’État a d'abord interdit les visites dans les Ehpad afin de protéger au maximum les personnes âgées. Pour faire face à la recrudescence du syndrome de glissement, l’État a mis fin à ces interdictions de visites dans le but d’éviter les conséquences délétères de l’isolement.

Décès et espérance de vie en cas de syndrome de glissement 

Résultant d'un choc émotionnel, le syndrome de glissement apparaît de manière imprévisible. Malheureusement, compte tenu de la gravité des symptômes qui en découle, ce syndrome évolue de manière rapide.

En cas de refus de la personne à remonter la pente ou de diagnostic trop tardif, le syndrome de glissement peut aboutir au décès en quelques jours ou quelques mois. 

La dégradation rapide de l'état de santé du patient influence sensiblement son espérance de vie : entre 80 et 90 % des personnes confrontées à ce syndrome décèdent des complications associées.

Comment se sortir du syndrome de glissement ?

Si le taux de mortalité est très élevé, certaines personnes parviennent à se sortir de l’impasse dans laquelle elles sont engluées.

À mesure que les blocages psychologiques se lèvent, la personne reprend petit à petit goût à la vie et met tout en œuvre pour retrouver une vie normale.

Un chemin complexe et sinueux débute alors pour récupérer tout ou partie des facultés physiques et cognitives altérées. Ce processus de guérison inclut une prise en charge pluridisciplinaire, et notamment :

  • des séances de kiné pour la récupération physique ; 
  • un soutien psychologique rigoureux chez un professionnel afin d'éviter les rechutes ; 
  • une alimentation équilibrée ; 
  • une hydratation optimale. 

Combien de temps pour récupérer après un syndrome de glissement ? 

La convalescence peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, notamment lorsque le patient a besoin de soins intensifs en raison de son état de santé général.

Si chaque histoire a sa vérité, rares sont les patients à retrouver l’ensemble de leurs capacités physiques et cognitives.

À l’issue de la phase de récupération, il est courant que la personne soit davantage dépendante, ce qui peut l'inciter à déménager dans une maison de retraite médicalisée afin de bénéficier de soins adaptés.

Qui est concerné par le syndrome de glissement ? 

Dans l’écrasante majorité des cas, le syndrome de glissement affecte les personnes âgées suite à un évènement traumatique. 

Le risque de développer un syndrome de glissement est particulièrement présent chez les personnes âgées qui souffrent de plusieurs pathologies en même temps. La combinaison de plusieurs maladies épuise la motivation du senior, lequel a tendance à lâcher-prise, surtout à un âge très avancé.

Les experts estiment qu'entre 1 et 4 % des personnes âgées de plus de 70 ans développent un syndrome de glissement suite à une hospitalisation. 

Syndrome de glissement et entrée en Ehpad : un risque accru ? 

Nouvel environnement, vie intime ébranlée, rythme de vie chamboulé… les conséquences néfastes d’un déménagement en Ehpad sont nombreuses pour une personne âgée.

Certains s’habitueront, plus ou moins rapidement, à ces changements. Pour d’autres, ce bouleversement pèsera comme une enclume sur leurs épaules. 

Dans l’incapacité de s'adapter à leur nouvelle vie, ces derniers perdront toute source de motivation, de sorte que le risque de développer un syndrome de glissement deviendra extrêmement important.

Quelles sont les causes du syndrome de glissement ? 

Les causes à l'origine du syndrome de glissement sont très différentes d'une personne à l’autre. Il est possible de les classer en deux catégories :

  • Les traumatismes physiques 
  • Les chocs émotionnels 

Quels traumatismes physiques peuvent causer un syndrome de glissement ? 

Puisqu'il existe un lien étroit entre le corps et l'esprit, plusieurs traumatismes physiques peuvent augmenter le risque de développer un syndrome de glissement, comme : 

  • une chute : plus la chute entraîne une perte d'autonomie importante, plus le risque de développer un syndrome de glissement est élevé. Il en va de même lorsque la chute s’accompagne d’un choc émotionnel éprouvant (personne âgée restée longtemps au sol avant l’arrivée des secours par exemple).

 

  • une maladie : infection, insuffisance cardiaque, diabète... 

 

  • une hospitalisation prolongée (intervention chirurgicale par exemple) 

Ici, l'intensité de la chute ou la gravité de la maladie reste secondaire : une personne chutant brutalement peut tout à fait trouver les ressources psychologiques pour continuer à vivre sereinement, tandis qu'un senior confronté à une chute minime pourra vivre cet événement si intensément qu'il pourra souffrir du syndrome de glissement. 

Quels sont les facteurs émotionnels qui contribuent au développement du syndrome de glissement ?

Le syndrome de glissement peut surgir suite à un choc émotionnel, dont voici les principaux exemples : 

  • Deuil : le décès d’un proche, et particulièrement la perte du conjoint ou d’un enfant, est susceptible de provoquer un syndrome de glissement. Le même constat peut être réalisé en cas d'éloignement soudain d'un membre de la famille.

 

  • Isolement social : la solitude ou le fait de disposer d’un cercle social limité est un facteur de risque à ne pas négliger.

 

  • Changement d’environnement : une personne âgée contrainte de séjourner à l’hôpital ou de déménager dans une maison de retraite subit une perte de repères qui peut encourager l’apparition du syndrome de glissement.

 

  • Stress prolongé : qu’il s’agisse d’une maladie, d’une perte de mobilité, de conflits familiaux ou de soins médicaux lourds, ces événements sont susceptibles d’engendrer un stress chronique, lequel favorise l’apparition d’un syndrome de glissement.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, une vigilance particulière doit être apportée à une personne âgée tout juste remise d’une maladie ou d’une chute.

En effet, lors de sa période de convalescence, le senior a dû déployer des efforts importants pour se remettre d’aplomb. Une période de décompensation peut donc survenir, laquelle s’accompagne d’un risque accru de rechute. 

Comment reconnaître les symptômes du syndrome de glissement ? 

Le syndrome de glissement étant relativement méconnu, les proches aidants ont souvent des difficultés à en reconnaître les symptômes et à alerter les professionnels de santé.

Pourtant, le rôle des proches est primordial dans cette situation : puisque la personne âgée se laisse mourir petit à petit de manière volontaire, il serait paradoxal que cette dernière aille consulter un médecin pour régler la situation.

Quelles sont les conséquences physiques du syndrome de glissement ? 

Pour vous aider à y voir plus clair, voici l’ensemble des signes physiques liés au syndrome de glissement :

  • Un refus de manger : refuser d’ouvrir la bouche ou recracher des aliments ingurgités sont des comportements typiques du syndrome de glissement. Cela provoque une dénutrition et une perte de poids rapide.

 

  • Le refus de s’hydrater : si certaines personnes refusent de boire alors que le besoin est présent, d’autres perdent la sensation de soif. La déshydratation qui en découle accroît le risque d’infections urinaires et provoque des vertiges inconfortables.

 

  • Une fatigue extrême : refuser de boire, de manger, de bouger et de communiquer provoquent inévitablement une grande fatigue physique et nerveuse, y compris lorsque la personne conserve un sommeil de qualité.

 

  • L’incontinence urinaire et fécale : elle est provoquée par une diminution de la tonicité des sphincters. 

 

  • Une perte d’autonomie subite : cela peut se traduire par une incapacité soudaine à réaliser des tâches de la vie quotidienne, à se lever ou à bouger. On parle alors de clinophilie, c’est-à-dire le fait de rester assis ou allongé la majorité du temps.

Syndrome de glissement : quels sont les signes psychologiques ? 

Le syndrome de glissement a des conséquences psychologiques lourdes chez les patients. En voici la liste non exhaustive : 

  • Une perte de désir : par manque de goût, le senior refuse de réaliser des activités qui lui apportaient pourtant beaucoup de plaisir (jeux de société, jardinage, cuisine, marche…).

 

  • Volonté de mourir et opposition aux soins : dans la plupart des cas, la personne âgée exprime son envie d’en finir. Par conséquent, elle s’oppose fermement à tous les soins qui lui sont proposés.

 

  • Le repli sur soi : le senior atteint du syndrome de glissement a tendance à créer de la distance avec ses proches (refuser de répondre au téléphone, garder le silence même en cas de visite…). 

 

  • Changements d’humeur fréquents : englué dans une dynamique de refus (de manger, de boire, de se soigner), le senior peut faire preuve d’agressivité, de passivité et présenter des troubles dépressifs. 

Syndrome de glissement : comment inciter un proche à se soigner ? 

Opposition, démotivation, perte de sens sont des phénomènes courants chez les personnes atteintes du syndrome de glissement. Or, afin d'améliorer les chances de survie, il est crucial de poser un diagnostic le plus tôt possible.

Comment diagnostiquer le syndrome de glissement ?

Si la personne accepte de voir un médecin, ce dernier cherchera à identifier les causes du syndrome de glissement et dressera un état des lieux des symptômes présents.

Certains professionnels de santé se basent sur l’Échelle d’évaluation des personnes âgées déconcertantes afin d'établir un diagnostic rapide et fiable.

Cet outil s’intéresse à la nature et à l’intensité des troubles rencontrés par le patient : isolement social, état dépressif, dénutrition, déshydratation, perte d’autonomie, désorientation…

Que faire si le senior refuse un rendez-vous chez le médecin ou une hospitalisation ? 

Il y a fort à parier que votre proche souffrant du syndrome de glissement refuse de se rendre chez son médecin traitant. Si la tâche est à la fois complexe et éprouvante, voici quelques modestes conseils pour inciter votre proche à passer le cap :

  • Pratiquez l’écoute active : plusieurs raisons peuvent pousser une personne âgée à se laisser mourir. Écouter son discours tout en faisant preuve de compréhension est le premier pas pour créer un rapport de confiance.

 

  • Offrez-lui un soutien inconditionnel : une personne confrontée à un syndrome de glissement a le sentiment d’être coincée dans une impasse dans laquelle aucun demi-tour n'est possible. En plus de l’écouter attentivement, proposez-lui de l’accompagner à chaque étape de la prise en charge médicale.

 

  • Exprimez votre inquiétude sans juger : expliquez les raisons pour lesquelles vous êtes inquiet en évitant de culpabiliser votre proche.

 

  • Proposer des alternatives à la consultation dans un cabinet : si sortir est une tâche délicate pour votre proche, suggérez-lui d’autres solutions, comme une visite à domicile ou une téléconsultation (consultation par visio sur ordinateur, tablette ou smartphone). 

Existe-t-il des traitements pour lutter contre le syndrome de glissement ? 

Le syndrome de glissement a de fortes implications psychologiques. Des consultations chez un psychologue sont donc nécessaires pour lever certains blocages et comprendre les raisons qui poussent le senior à se laisser dépérir. 

Il s’agit d’ailleurs de la principale difficulté du syndrome de glissement : pourtant indispensable, le suivi psychologique prend du temps, ce qui le rend incompatible avec l'urgence de la situation. 

Au-delà de l’aspect psychologique, l’équipe soignante peut aider le patient à traiter les symptômes liés au syndrome de glissement :

  • Accompagnement du patient vers une réalimentation et une réhydratation satisfaisante (grâce à une perfusion intraveineuse si besoin)
  • Prise de médicaments pour guérir d’éventuelles infections causées par le syndrome de glissement
  • Prescription de médicaments pour soigner des maladies graves présentes avant le syndrome de glissement et pour lesquelles le patient ne souhaitait plus être soigné (diabète, hypertension…)
  • Traitement des conséquences délétères du syndrome de glissement (escarres liées à la sédentarité, incontinence…)

Aussi, la mise en place d'un suivi chez un kinésithérapeute ou un ergothérapeute est incontournable pour retrouver une masse musculaire correcte et éviter une perte de mobilité trop sévère.

Quelle est la différence entre la dépression et le syndrome de glissement ?

Perte d’intérêt, repli sur soi, fatigue… les implications du syndrome de glissement ressemblent à s’y méprendre à une dépression.

Si des similitudes existent, il convient de distinguer ces deux pathologies psychologiques en mentionnant les aspects suivants :

  • Comportement actif vs passif 

La dépression s’accompagne d’une grande culpabilité et parfois de pensées suicidaires, tandis que le syndrome de glissement désigne un « renoncement à la vie » sans pensées suicidaires. 

Dans les cas extrêmes, une personne dépressive cherche des moyens de mettre fin à ses jours (comportement actif), tandis que le senior souffrant du syndrome de glissement se laisse mourir (comportement passif).

  • Rythme d’évolution 

Sauf dans les cas extrêmes de suicides, la dépression peut durer plusieurs années sans impacter la survie du patient.

De son côté, le syndrome de glissement est considéré comme une urgence gériatrique : il peut provoquer la mort en quelques jours ou quelques semaines, notamment lorsque aucun suivi médical n'est entamé. 

  • La nature du traitement 

En plus des consultations psychologiques, la dépression peut être soulagée ou guérie grâce aux antidépresseurs.

Ces derniers sont inefficaces en cas de syndrome de glissement, la prise en charge reposant davantage sur la nutrition, la réhydratation ainsi que la remobilisation cognitive et physique du patient.

 

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