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Faut-il mentir à une personne atteinte d'Alzheimer ?
Temps de lecture : 12 min
Votre proche souffre de la maladie d'Alzheimer ? Vous savez donc mieux que personne que ce dernier vit dans une réalité altérée du fait des troubles cognitifs dont il est victime. Au quotidien, vous êtes certainement confronté au dilemme suivant : lui dire la vérité, au risque de le faire souffrir, ou lui mentir, afin d'éviter cette souffrance. Alors, faut-il mentir à un proche souffrant d'Alzheimer ? Si oui, dans quel cas est-il préférable d'utiliser les "mensonges thérapeutiques" ? Quels sont bienfaits et les risques de ces mensonges ? Ma Vie de Senior vous éclaire sur ce sujet très épineux !
SOMMAIRE
Maladie d'Alzheimer : état des lieux des symptômes
Le concept de mensonge thérapeutique : peut-on mentir à une personne souffrant d'Alzheimer ?
Mentir à une personne qui souffre d'Alzheimer : quels sont les inconvénients ?
Dire la vérité à un malade d'Alzheimer : pourquoi et quand est-ce nécessaire ?
Comment se comporter avec un proche atteint de la maladie d'Alzheimer ?
Maladie d'Alzheimer : état des lieux des symptômes
Pour comprendre le recours éventuel aux mensonges thérapeutiques, il est essentiel d’aborder les symptômes cognitifs qui caractérisent la maladie d'Alzheimer. Ces symptômes affectent fortement la communication avec les malades et modifient leur perception de la réalité.
Perte de mémoire et désorientation : les deux signes les plus connus d'Alzheimer
La perte de mémoire est le premier symptôme auquel on pense en cas de maladie d'Alzheimer. Initialement, les troubles concernent surtout la mémoire à court terme, c'est-à-dire les événements récents. Or, à un stade avancé de la maladie, d’autres types de mémoire sont touchés :
- Mémoire procédurale : perte de la capacité à effectuer certaines activités (jouer du piano, faire du vélo...)
- Mémoire autobiographique : oubli de faits personnels importants
- Mémoire sémantique : elle est liée à la culture générale
À cela s'ajoute la désorientation dans le temps et l'espace, ce qui complique encore davantage les échanges, car les personnes ne savent souvent plus où ils se trouvent, quel jour nous sommes...
Les difficultés de communication : que ressent un malade d'Alzheimer ?
Les troubles de communication sont également fréquents chez les personnes atteintes d'Alzheimer, avec des répercussions importantes sur leur vie quotidienne.
Ces difficultés incluent :
- Perte du langage courant : difficultés à trouver les mots appropriés
- Incompréhension des conversations : problèmes pour suivre le fil d’une discussion dans un ordre logique
- Problèmes d’interprétation : comprendre de façon erronée les réponses ou les questions posées.
L'altération de ces fonctions cognitives peut engendrer des malentendus et provoquer de la frustration chez le malade et ses proches, d’où l’importance de trouver des solutions adaptées.
Agressivité, hallucinations, apathie : zoom sur les troubles du comportement lié à Alzheimer
La maladie d’Alzheimer a un impact significatif sur le comportement des personnes malades, complexifiant ainsi leurs interactions avec autrui.
D’intensité et de fréquence variables, ces troubles sont les suivants :
- Agitation et agressivité : cris, insultes, coups, opposition fréquente…
- Paranoïa et idées délirantes : méfiance, hostilité, anxiété…
- Apathie : perte d’intérêt, isolement social…
- Comportements répétitifs : poser les mêmes questions, taper, se frotter les mains, déplacer des objets sans raison…
- Comportements inappropriés : se déshabiller en public, commettre des actions et gestes déplacés, faire des remarques vexantes…
Le concept de mensonge thérapeutique : peut-on mentir à une personne souffrant d'Alzheimer ?
Face à ces difficultés de communication et à cette perception altérée de la réalité, la question du mensonge thérapeutique se pose. Est-il préférable d’adapter la vérité pour préserver l'état émotionnel d'une personne atteinte d'Alzheimer ? Voyons cela de plus près...
Accompagnement par le mensonge thérapeutique : de quoi parle-t-on ?
Le mensonge thérapeutique consiste à ajuster les informations communiquées au malade en fonction de son état émotionnel et cognitif, afin de réduire son angoisse, sa confusion, voire sa détresse.
Le mensonge thérapeutique poursuit un triple objectif :
- Éviter la souffrance inutile : en omettant ou en adaptant certaines vérités
- Apaiser les angoisses : offrir une réponse sécurisante face à des situations stressantes
- Réduire la confusion : aligner la réponse donnée avec la propre réalité de la personne malade
Bien que le terme « mensonge » semble négatif à première vue, cette stratégie doit davantage être perçue comme une protection bienveillante. L'idée n'est pas de mentir pour mentir, mais de protéger votre proche contre un débordement émotionnel néfaste pour son bien-être mental.
Quand est-il acceptable de mentir à un proche ayant Alzheimer ?
Certaines situations spécifiques justifient le recours au mensonge thérapeutique pour préserver la tranquillité d’esprit du malade. En voici deux exemples concrets
Cas n°1 : les questions fréquentes sur un proche décédé
Dire la vérité sur la mort d'un être cher risque de réactiver la douleur. Un malade d'Alzheimer peut demander à voir son conjoint pourtant décédé, et ce, plusieurs fois par jour.
Il est donc facile de s'imaginer la tristesse ressentie par un malade si on lui répète sans cesse que son conjoint n'est plus de ce monde.
Cas n°2 : les mensonges positifs
A priori contradictoire, le terme de "mensonge positif" correspond à une situation dans laquelle mentir provoque davantage de bénéfices que d'inconvénients.
Pour illustrer ce terme, voici une anecdote partagée par un proche aidant d'un malade d'Alzheimer :
"Mon mari souffre d'Alzheimer, ce qui ne l'empêche pas d'être très actif, à l'image de ce qu'il était avant la maladie.
Un jour, mon mari me raconte qu'il a ramassé plusieurs citrons dans le jardin. Or, aucun citron ne pousse dans la région où nous habitons. Il s'agissait en réalité des citrons que j'avais achetés le matin.
La première fois, je lui ai fait remarqué que ce n'était pas possible : la frustration ressentie par mon mari a été terrible.
La seconde fois, j'ai cuisiné une tarte citron meringuée, son dessert préféré, et l'ai remercié d'avoir ramassé des citrons dans le jardin. Sans mauvais jeu de mots, cette stratégie a porté ses fruits, notamment sur son estime de soi."
Mentir à une personne qui souffre d'Alzheimer : quels sont les inconvénients ?
Si le mensonge thérapeutique est parfois une solution bienveillante, cette stratégie souffre de limites importantes, dont il faut absolument avoir conscience.
Mentir peut dégrader la relation de confiance en cas d'Alzheimer
Mentir est susceptible d'affaiblir la relation de confiance entre le malade et ses proches, notamment dans les cas où :
- le malade d'Alzheimer, malgré ses troubles, se rend compte qu’on lui cache des informations ;
- l'omission ou la dissimulation d'informations est perçue comme une manipulation.
Dans ces cas, le mensonge peut provoquer des sentiments de frustration, voire de trahison, affectant ainsi la qualité de la relation et l'adhésion aux soins.
La difficulté du rôle d'aidant est donc immense : pour utiliser le mensonge thérapeutique à bon escient, il est impératif d'anticiper les réactions de votre proche atteint d'Alzheimer. Une connaissance pointue de votre proche, de la maladie et de son évolution est donc primordiale pour savoir si le recours au mensonge thérapeutique est pertinent.
Mentir pose des problèmes éthiques au proche aidant d'un malade d'Alzheimer
Les proches aidants sont souvent confrontés à un dilemme moral lorsqu'il s'agit de mentir, y compris dans les cas où ils sont persuadés qu'un mensonge thérapeutique serait bénéfique à leur proche.
Ce dilemme inclut des questions récurrentes :
- Est-ce que mentir à mon proche est la meilleure façon de préserver son bien-être émotionnel ?
- Comment équilibrer la nécessité d’apaiser ses angoisses avec mon besoin d’être honnête ?
- Jusqu’à quel point est-il éthique de modifier la réalité pour réduire sa souffrance ou son agitation ?
Ces dilemmes rendent l’utilisation du mensonge thérapeutique difficile à accepter, même si cela semble justifié pour réduire la détresse de leur proche atteint d'Alzheimer.
Mentir à son proche : que faire pour minimiser sa culpabilité ?
Selon Nouha Ben Gaied, chercheuse spécialisée dans la maladie d'Alzheimer, le "mensonge thérapeutique doit être utilisé en dernier recours".
Avant de recourir à cette méthode, le proche aidant peut dire la vérité et tenter d'apaiser les émotions négatives de son proche. Si cela ne fonctionne pas, le mensonge thérapeutique constitue une alternative.
À force d'expérimenter, le proche aura plus de facilité à réaliser un choix éclairé entre la vérité et le mensonge thérapeutique. En utilisant cette stratégie, le mensonge thérapeutique peut paraître plus acceptable aux yeux des proches, ces derniers étant certains que son recours est réalisé dans l'intérêt de leur proche.
Dire la vérité à un malade d'Alzheimer : pourquoi et quand est-ce nécessaire ?
Malgré les avantages du mensonge thérapeutique, dire la vérité est parfois indispensable. Savoir quand il est préférable d’être transparent est crucial pour maintenir des relations saines et apaisées.
Respecter l'autonomie de son proche au début d'Alzheimer
Au début de la maladie, les personnes atteintes d’Alzheimer sont encore capables de comprendre certaines vérités et de prendre des décisions importantes.
Dans ce cas, être transparent permet de :
- respecter leur autonomie ;
- leur offrir la possibilité de participer activement à leur propre prise en charge ;
- les aider à prendre des décisions éclairées les concernant.
Maintenir un lien de confiance entre le malade d'Alzheimer et le proche aidant
La transparence est également essentielle pour préserver la relation de confiance avec votre proche. Dire la vérité dans des situations clés est susceptible de :
- renforcer la coopération de la personne malade en l'incluant dans les décisions ;
- favoriser un climat de confiance en montrant au malade qu’on ne lui cache pas la réalité.
Lorsque la vérité peut être annoncée sans causer d'émotions désagréables, il est préférable d’opter pour cette approche.
Faut-il annoncer un décès à une personne atteinte d'Alzheimer ?
La maladie d'Alzheimer altère les facultés cognitives, mais en aucun cas l'intelligence émotionnelle. Cacher la mort d'un proche à une personne souffrant d'Alzheimer n'est donc pas recommandé par les spécialistes de santé.
En effet, un malade d'Alzheimer peut tout à fait ressentir la tristesse ambiante qui entoure cette mauvaise nouvelle. En plus de se sentir trahie par cette mise à l'écart, la personne ne pourra pas réaliser son deuil, ce qui est problématique du point de vue de sa dignité.
Afin d'éviter des réactions trop brutales comme la panique, une ou deux personnes maximum doivent annoncer le décès, et non tous les membres de la famille. Si votre proche vit dans une maison de retraite, se faire assister par un professionnel de santé peut s'avérer utile.
S'il est difficile d'annoncer une telle nouvelle sans tourner autour du pot, les mots choisis doivent être les plus simples possibles : "Nous sommes désolés de t'apprendre que ton mari/frère/ami est décédé". Aussi, il est préférable de ne pas rentrer dans les détails, surtout si les circonstances du décès sont cruelles (accident, suicide...).
Quand annoncer le décès d'un proche à une personne souffrant d'Alzheimer ?
S'agissant du timing de l'annonce d'un décès, voici deux conseils :
- Annoncer le décès le plus tôt possible : cela laissera la possibilité à votre proche d'être présent lors des funérailles s'il le souhaite
- Ne pas lui rendre visite le soir : après l'annonce, votre proche aura besoin d'un soutien émotionnel. Il est donc conseillé de rester le temps qu'il faudra pour le réconforter et répondre à toutes ses questions.
Comment se comporter avec un proche atteint de la maladie d'Alzheimer ?
Qu’il s'agisse de dire la vérité ou de recourir au mensonge thérapeutique, il est essentiel de rassurer les personnes atteintes d’Alzheimer. Voici 4 astuces délivrées par des professionnels pour accompagner un proche atteint de cette démence sénile de manière la plus efficace possible.
Astuce n°1 : soyez bienveillant et à l'écoute
Pour rassurer une personne atteinte d'Alzheimer, il est fondamental de :
- faire preuve de patience ;
- valider ses émotions et ses ressentis ;
- employez des phrases simples.
Cette approche contribue à instaurer un climat de confiance et à diminuer l’anxiété.
Astuce n°2 : utilisez le langage non verbal et créez un environnement apaisant
Plus direct et facile à comprendre, le langage corporel joue un rôle clé pour offrir un environnement apaisé à une personne atteinte d'Alzheimer.
En voici quelques applications concrètes :
- Expressions du visage, gestes affectueux et contacts visuels : un geste réconfortant ou un regard complice peut avoir un effet immédiat sur l'humeur de votre proche
- Une voix douce : une voix calme apaise davantage qu’un discours long ou complexe
- L'absence de distractions inutiles : la réduction des stimuli stressants (bruits, éclairages vifs...) est la meilleure option pour limiter le stress chez la personne malade
Astuce n°3 : privilégiez les prénoms aux pronoms
Les capacités de raisonnement d'une personne âgée atteinte d'Alzheimer étant altérées, cette dernière peut avoir des difficultés à suivre le fil d'une conversation.
Dès lors, au lieu de dire "ils vont arriver", préférez "ton fils Bertrand et ta belle-fille Françoise vont arriver". Bien que peu naturelle, cette formulation aidera votre proche à identifier plus facilement les personnes dont vous parlez.
Aussi, il est courant qu'un malade d'Alzheimer confonde les visages et les personnes, ce qui est particulièrement douloureux pour un proche. Dans ce cas, les professionnels de santé ne recommandent pas d'utiliser le mensonge thérapeutique, c'est-à-dire d'occulter sa propre identité pour donner raison à votre proche.
Au contraire, des phrases du type "Bonjour, c'est moi, Jean, l'infirmier, et je viens changer votre pansement" ou "Bonjour, c'est Chloé, ta petite fille, je viens te rendre visite" sont conseillées.
Astuce n°4 : optez pour les questions fermées
Alzheimer s'accompagne généralement de troubles de la concentration. Pour s'adapter à cette réalité, les proches doivent aborder un sujet à la fois afin d'engager la conversation sereinement.
Aussi, vous aurez plus de chances d'obtenir une réponse si vous posez une question fermée plutôt qu'une question ouverte :
- ❌ Question ouverte : "Que veux-tu faire aujourd'hui ?"
- ✅ Question fermée : "As-tu envie d'aller marcher aujourd'hui ?
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